Les restes présumés de Jeanne d'Arc vont être analysés
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par aNaKRoN67 le, 13-02-2006
Des ossements et des fragments de peau qui pourraient avoir appartenu à Jeanne d'Arc vont être analysés pendant six mois afin de les authentifier. Ces restes auraient été retrouvés sous le bûcher de la pucelle d'Orléans, brûlée vive le 30 mai 1431 à l'âge de 19 ans à Rouen.
Grâce à toute une série d'examens, "nous n'aurons pas une certitude absolue, mais un faisceau de présomptions en faveur de l'authentification", a expliqué lundi le Dr Philippe Charlier lors d'une conférence de presse à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine). "Par contre, on pourra avoir la certitude absolue que ce n'est pas elle".
Jeanne d'Arc a été condamnée à être brûlée vive pour hérésie et sorcellerie le 30 mai 1431. L'histoire veut que ses cendres auraient été jetés à la Seine. Mais, des restes pourraient avoir été récupérés sous son bûcher par un inconnu. Ainsi, conservés dans un petit bocal, une côte humaine, du bois et d'autres ossements ont traversé les siècles avant de devenir la propriété de l'archevêché de Tours (Indre-et-Loire). Ils sont aujourd'hui conservés dans un musée par l'association des Amis du Vieux Chinon.
"Le but est de s'assurer de l'authenticité des restes de Jeanne d'Arc", qui "sont remarquablement bien conservés" bien qu'en "faible quantité, a souligné le Dr Charlier. En 1909, des analyses avaient conclu à l'authenticité "hautement probable" des restes de la pucelle d'Orléans. Le chercheur s'était illustré l'an dernier en identifiant les causes du décès, par intoxication au mercure, d'Agnès Sorel, la "favorite" du roi Charles VII.
Le bocal contenant ces ossements a été brisé lors d'une exposition dans les années 1970. Sur son couvercle, un parchemin indique: "Restes présumés trouvés sous le bûcher de Jeanne d'Arc, pucelle d'Orléans". Une côte humaine d'une quinzaine de centimètres enrobée dans une substance noirâtre, probablement issue de restes organiques carbonisés, se trouvait notamment à l'intérieur.
"Il va falloir s'assurer que cette côte correspond bien à une femme de 19 ans", notamment en contrôlant l'absence d'arthrose, a expliqué le médecin. L'ADN sera utilisée uniquement pour déterminer le sexe. En aucun cas il n'y aura de comparaison avec des descendants éventuels, son arbre généalogique, vieux de plusieurs siècles, étant probablement faux", selon le Dr Charlier.
Dix-huit scientifiques vont par ailleurs plancher sur quelques fragments animaux et d'os humains, ainsi que sur des morceaux de bois pouvant provenir du bûcher. Dans ce dernier cas, il s'agira de dire s'il était bien utilisé dans la région de Rouen, à l'époque concernée. Une datation au carbone 14 sera également réalisée. Macroscopie, radiologie, toxicologie, parasitologie... Toutes les techniques de la médecine légale et de l'archéologie seront utilisées.
En outre, le chercheur a rappelé que la "pucelle d'Orléans" avait été brûlée à trois reprises le même jour: la première fois, elle était morte intoxiquée. La seconde, il restait des viscères et une troisième crémation avait été ordonnée afin qu'il n'en reste plus rien. Or, ces multiples incinérations ont donné "un aspect particulier" aux ossements. "Il n'y a pas eu 1.000 femmes brûlées à Rouen en 1431, notamment à trois reprises", a souligné Philippe Charlier.
Hormis l'intérêt historique que pourrait représenter ces restes s'ils appartenaient bien à Jeanne d'Arc, ces analyses vont permettre aux chercheurs de mieux connaître des techniques qui seront ensuite utilisées en médecine légale, voire clinique.
"Toutes ces études permettent d'avancer un petit peu dans le diagnostic", a confié à l'Associated Press le Pr Michel Durigon, médecin légiste et anatomopathologiste à l'hôpital de Garches. "Si on peut faire des empreintes génétiques, même sur du matériel en partie calciné, ça permettra peut-être d'utiliser la même technique dans le futur, car pour l'instant, c'est difficile".